État civil est une œuvre photographique, performative et collaborative, née d’un besoin de réappropriation identitaire face à la violence administrative subie par les personnes transgenres en France.

 

Le processus créatif débute par une performance de destruction : les participant·es déchirent leurs papiers administratifs – papiers d’identité, actes de naissance, avis d’imposition, courriers de la sécurité sociale, etc –, qui sont ensuite recyclés artisanalement en feuilles blanches. Sur ces feuilles, sont tirées à la gomme pigmentaire des photographies, portraits ou fragments de corps choisis par les personnes elles-mêmes, affirmés comme porteurs de leur identité.

 

Le projet interroge les mécanismes de pouvoir qui conditionnent la reconnaissance de l’identité : en détruisant puis transformant des documents officiels d’institutions publiques — symboles d’assignation —, il inverse le rapport de force. Il interroge l’image comme espace de désobéissance aux normes, de co-construction des récits minorés, et d’affirmation d’une identité autodéterminée.

 

Dans un rituel collectif de transformation, ce projet articule art/artisanat et geste militant, matière et mémoire. Il replace l’image au cœur d’un processus de réparation et de réappropriation, loin de l’assignation visuelle, ouvre des espaces sensibles, politiques et poétiques où l’image ne fige pas l’autre, mais accompagne un récit en construction.